Archives de catégorie : Allgemein

Lettre à ONU Femmes

Consultation d’opinion sur l’approche d’ONU Femmes concernant le travail sexuel, le commerce sexuel et la prostitution. 

Dr. Ingeborg Kraus, le 15.10.2016.

„Scientists for a World Without Prostitution“[1], avec son siège à Karlsruhe en Allemagne, est un regroupement d´experts de la santé (médecine, psychologie et psychotraumatologie), qui offrent des soins thérapeutiques et médicaux aux femmes en situation prostitutionnelle. Ce groupe est issue d´un manifeste[2] déclarant que la prostitution est humiliante, dégradante et à l´encontre des doits humains universels, que c’est un acte de violence et qu’elle perpétue cette violence dans la vie des femmes. En d´autre terme, il n’y a pas de « bonne prostitution ». Il réclame aussi une loi qui responsabiliserait les hommes, en exigeant une législation pénalisant les acheteurs de sexe, car nous sommes las d´être utilisé pour « réparer  les femmes » alors qu´une politique est menée qui incite les hommes à « casser les femmes ». Ce manifeste a été signé par les spécialistes en traumatismes psychiques les plus reconnus et les plus influents d’Allemagne. Nous voulons informer sur la réalité de la prostitution et ses effets nocifs sur la santé, informer des effets désastreuses d´une loi légalisant la prostitution, mettre en lumière la présence et la voix des experts de la santé qui sont en contact imminent avec les victimes de la prostitution: promouvoir nos expériences cliniques ainsi que les textes et études scientifiques sur la prostitution. Continuer la lecture

Sortir de la prostitution: enjeux et défis

Le 5 octobre 2015, la CLES a invité à la grande Bibliothèque nationale de Montréal des intervenantEs de marque en provenance de l’Irlande, de l´Allemagne, de la France, de la Suède et du Québec afin de partager leur expertise sous le thème Sortir de la prostitution: enjeux et défis.

L’évènement a connu un succès retentissant. En effet, plus de 225 personnes se sont déplacées pour entendre Rachel Moran, survivante, auteure du livre Paid for : My journey through prostitution et fondatrice du groupe de survivantes SPACE International, la docteure Ingeborg Kraus, spécialiste du trauma et auteure de l’appel des Traumathérapeutes contre la prostitution, Simon Haagstrom lieutenant détective à la section sur la prostitution et la traite humaine de la police de Stockholm ainsi que Geneviève Duché, présidente de l’association française l’Amicale du Nid.   –   Voici l´intervention de la Dre Kraus:

La prostitution est incompatible avec l´égalité hommes-femmes

Exposé de la Dre Ingeborg Kraus à la Conférence de Madrid: «La prostitution est incompatible avec l’égalité hommes-femmes », organisée par La « Comisión para la investigación de malos tratos a mujeres »

Madrid, 15.10.2015

En Allemagne, l’abolitionnisme n’est pas pris au sérieux parce qu’on s’imagine qu’il existe une « bonne prostitution ». On comprend que la prostitution infantile n’est pas tolérable ; de même, considère-t-on la prostitution dite « sous contrainte » comme un fléau. Mais la prostitution entre deux adultes que l’on dit mutuellement consentants, pourquoi pas ? Pourquoi interdire à deux adultes cette décision ?

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Des séquelles semblables à celles du syndrome de choc post-traumatique

La prostitution laisse des séquelles semblables à celles du choc post-traumatique, avancent une psychologue allemande et Rachel Moran, une Irlandaise qui a mis plus d’une décennie à se remettre de son propre champ de bataille, sept ans de prostitution durant l’adolescence. Le Devoir a rencontré ces deux femmes, qui appellent à reconnaître la prostitution comme une violence.

Montréal, le 19.10.2015

Vendre son corps jour après jour entraîne des effets psychologiques « cliniquement similaires » à ceux qu’elle a observés en terrain de guerre, notamment en Bosnie et au Kosovo, explique Ingeborg Kraus, spécialiste du syndrome du choc post-traumatique (SCPT), rencontrée avec Mme Moran lors de leur passage à Montréal pour une conférence. « La prostitution est seulement possible dans un état dissociatif, où les phénomènes naturels de dégoût, de mépris ou de peur sont déconnectés. Ce vécu est tout de même enregistré dans un autre endroit du cerveau, une sorte de boîte noire qu’on appelle la mémoire traumatique », explique-t-elle en détail dans un français impeccable. Continuer la lecture

Dans la prostitution l’être humain est déshumanisé

Une conversation avec le psychiatre allemand Dr Lutz-Ulrich Besser, fondateur et directeur du Centre de psycho-trauma et de traitement des traumatismes Basse-Saxe.

SOLWODI: La prostitution est-elle un métier comme un autre ?

Lutz-Ulrich Besser: Cette activité n’est pas du tout un métier comme un autre. Toute personne qui s’occupe de ce sujet devrait se rendre compte que ce processus très intime quand un « client » pénètre dans le corps d’une femme – même s’il s’agit d’un consentement mutuel prétendu – ne devient supportable que si la femme sépare ses sentiments de sa conscience. Les femmes dans la prostitution se trouvent souvent dans des situations de détresse sociale et sont poussées, pressées et forcées par des proxénètes. Cela a à voir avec l’exploitation et l’humiliation sexuelle – et est une attaque contre la dignité des femmes. Continuer la lecture

La dissociation traumatique et les troubles de la personnalité

Dre Muriel Salmona

La violence est un formidable instrument de soumission et de dissociation, particulièrement quand elle est terrorisante et qu’elle plonge la victime dans un scénario insensé. Elle est à l’origine de troubles psychotraumatiques fréquents et qui peuvent s’installer de façon chronique, sous la forme de troubles de la personnalité, par l’intermédiaire d’une mémoire traumatique et d’une dissociation traumatique. Mémoire traumatique des violences et dissociation vont coloniser les victimes et vont faire cohabiter chez elles plusieurs « personnalités » jusqu’à parfois les exproprier d’elles-mêmes si aucune protection et prise en charge ne sont mises en place, ce qui malheureusement est le plus souvent le cas, les victimes de violences étant dans leur immense majorité laissées à l’abandon (Salmona, 2008, 2012, 2013).